Face à un danger ou à un stress, notre fonctionnement physiologique change : le cœur bat plus vite, la respiration se modifie, la température du corps augmente, la digestion s’arrête puis, lorsque le danger est dépassé, le corps retrouve son fonctionnement habituel. Parfois ces modifications s’installent, perdurent, deviennent chroniques et envahissantes, créant un sentiment de mal-être et d'insécurité. On entre alors dans le cercle vicieux, dans le monde des troubles anxieux.
LES TROUBLES ANXIEUX, QU’EST-CE QUE C’EST ?
Des névroses aux troubles anxieux : l’évolution diagnostique
Les troubles anxieux sont définis par la présence de symptômes physiques ou psychiques d’anxiété, sans aucune affection cérébrale organique. A la fin de 19ème siècle, le psychiatre français Bénédict Morel était le premier à identifier ces troubles. Ensuite Freud travailla sur l'origine de l'angoisse et proposa plusieurs modèles dont son modèle psychanalytique des névroses, la référence dans le domaine de la psychopathologie. A partir de la deuxième moitié du 20ème siècle le diagnostic des troubles anxieux est identifié sous le nom de névroses. A la fin du 20ème siècle, les recherches, les neurosciences, la technologie et la pharmacologie, permettent le développement de nouveaux systèmes psychologiques comme le cognitivisme, le comportementalisme, la théorie de l'attachement, le constructivisme et, le terme « troubles anxieux » est devenu plus pertinent et mieux adapté.
Les troubles anxieux au niveau génétique
Sur le plan génétique, même s’il n’y a pas de « gènes de l’anxiété », certains sont impliqués dans le risque d’anxiété. C’est le cas du gène du récepteur à la sérotonine 5-HT1A. Actuellement les troubles anxieux comprennent plusieurs autres troubles : l’anxiété généralisée, le trouble panique, les phobies spécifiques, l’agoraphobie, le trouble d’anxiété sociale et le trouble d’anxiété de séparation. Les symptômes anxieux peuvent être variés et toucher des sphères différentes de la vie.
NOSOGRAPHIE DES TROUBLES ANXIEUX
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit l’anxiété comme le « sentiment d’un danger imminent indéterminé s’accompagnant d’un état de malaise, d’agitation, de désarroi, voire d’anéantissement ». L'anxiété n'est pas une pathologie sauf dans la sphère nosographique des troubles anxieux, lorsque (sans lien avec une situation dangereuse) l'anxiété a des conséquences perturbantes dans le fonctionnement habituel. Le « Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux « (DSM 5) de 2013, différencie les troubles anxieux dont le trouble panique avec ou sans agoraphobie, les phobies spécifiques, le trouble anxiété sociale (phobie sociale) et le trouble anxiété généralisée, du trouble obsessionnel-compulsif et du trouble stress post-traumatique.
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PRÉVALENCE DES TROUBLES ANXIEUX
Selon les chiffres de l’INSERM - L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, dans un article intitulé Quand l’anxiété devient pathologique publié en 2021 : « Selon la Haute Autorité de Santé, « 15% des adultes de 18 à 65 ans présentent des troubles anxieux sévères sur une année donnée, et 21% en présenteront au cours de leur vie »
Les troubles anxieux 2 fois plus fréquents chez les femmes
Les femmes sont pratiquement 2 fois plus affectées par ces troubles que les hommes.
Des troubles chroniques
Les troubles anxieux sont habituellement chroniques, avec une baisse de qualité de vie. Ils continuent à augmenter régulièrement et sont marqués par une grande détresse. Ses troubles peuvent être aggravés par la comorbidité avec d’autres troubles.
Les troubles anxieux chez les jeunes enfants
Chez les jeunes enfants, les troubles anxieux sont difficilement diagnostiqués et peuvent prendre des années.
LES MONOPHOBIES OU LES PHOBIES SPÉCIFIQUES
Dans L'Enéide, Virgile plaide pour le courage : « Allez, courage, noble enfant, c'est ainsi qu'on s'élève vers les étoiles » (Virgile, Chant IX, vers 641). Comme Protée, le dieu grec doté du pouvoir de se transformer, de prendre toutes les formes et de se métamorphoser à l'infini, les phobies spécifiques peuvent avoir d'innombrables facettes et visages. La première description médicale systématique date du XVIIIe siècle. Au début du XIXe siècle, les phobies font partie des monomanies. Lecteurs avisés de Nietzsche, les philosophes W. Benjamin et S. Kracauer analysent que nos expériences de peurs pathologiques sont aussi nos instruments de perception et nos ressources pour perfectionner le regard et envisager des renversements critiques (Breton, Maestragg, 2016).
A partir de quel moment devient-on phobique ?
« La ligne de démarcation est claire, on devient phobique à partir du moment où on a peur d'avoir peur « (Perrot, 2021, p.211). Souvent la phobie démarre par une crise de panique qui est impressionnante et souvent traumatisante. Elle laisse des traces, l'angoisse arrive à l'idée de la revivre. La panique panique et c'est la phobie qui commence.
Le DSM 5- la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux publié par l'American Psychiatric Association en 2013 détermine les critères d'une phobie spécifique. La phobie est une peur intensive et déraisonnée, face à un objet ou à une situation redoutée ou juste en face des mêmes situations imaginées, anticipée.
L'objet ou la situation sont bien déterminés et l'anxiété est présente tant que dure l'exposition et des attaques de panique peuvent surgir. Cela crée une source d’insécurité. La personne commence à fuir les situations redoutées, s'isole, sa vie change, les liens avec les autres commencent à se rompre...
En clinique, on définit trois syndromes phobiques :
- Les phobies spécifiques
- Les phobies sociales
- L’agoraphobie
On peut noter des liens de comorbidité entre l’anxiété et la dépression et l'anxiété et les addictions. La liste des stimulus provoquant des phobies spécifiques n'est pas exhaustive : peur des animaux (des serpents, des chiens, des pigeons), peur des éléments naturels (de l'eau, de l’orage, peur des hauteurs...), peur de l'avion, de la vue du sang, de l'obscurité, des espaces clos, peur de parler en public...
Le traitement des troubles anxieux
L’approche systémique et stratégique et l'hypnose sont des approches efficaces pour la résolution de troubles anxieux et permettent d’installer des changements solides et durables.
Lire aussi :
Traitement des troubles anxieux avec l’approche systémique et stratégique
La Clinique des TOC et des troubles anxieux
La Clinique des TOC et des troubles anxieux est spécialisée dans le traitement des troubles anxieux et propose des consultations de thérapie brève stratégique®. En utilisant plus de 25 ans de recherche clinique et avec des milliers de patients traités avec succès en utilisant le modèle d'intervention connu sous le nom de Brief Strategic Therapy®, les spécialistes de la Clinique des TOC ont prouvé (Gibson 2014, 2016, 2019a, 2019b, 2019c, Nardone 2013, Portelli, 2007) que même si les problèmes humains peuvent être persistants, compliqués et douloureux, nous n'avons pas toujours besoin d'une forme d'intervention longue et prolongée pour résoudre le problème et soulager la souffrance. Ce modèle s'est révélé être la forme de traitement la plus efficace et efficiente du trouble obsessionnel compulsif actuellement disponible n'importe où (Ray & Nardone 2007).
L'AMAXOPHOBIE, LA PEUR DE CONDUIRE
Étymologiquement, l'amaxophobie vient du grec ancien, « amaxo » désignant char, véhicule et « phobia », l'effroi, la peur invalidante de conduire. C'est un effroi déraisonnable occasionné lors de circonstances habituelles de conduite qui se transforme en une activité stressante. Certaines personnes arrêtent totalement de conduire.
Les symptômes de l'amaxophobie
Les symptômes d'amaxophobie sont l'anxiété, la sudation, les frissonnements et l'attaque de panique. Cliniquement, l''amaxophobie, est classée dans le DSM-5 (American Psychiatric Association, 2015) et dans l'ICD-10 (World Health Organization, 2011), comme une phobie spécifique du sous-type situationnel.
Comment devient-on amaxophobe ?
L'origine de l'amaxophobie est multifactorielle : génétique, psychologique et développementale. La peur de conduire peut apparaître suite à un événement traumatique, comme après avoir été victime d'un accident ou après avoir perdu un proche dans ces circonstances. Très souvent un manque de confiance, une sous-estime de soi présentent des facteurs supplémentaires qui favorisent la vulnérabilité.
Hypnose et amaxophobie
Un présupposé de l'hypnose est que lorsque les relations vivantes sont dysfonctionnelles, quand les liens sont insécures, l'autonomie n'est pas en place et favorise l’installation de symptômes. Selon une étude proposée par le «Centro Studi e Documentazione Direct Line», une compagnie d'assurance automobile sur internet, 68% des conducteurs italiens ont admis avoir peur de conduire dans des situations particulières. Les facteurs qui aggravent l'amaxophobie sont les situations où manque le contrôle sur les événements et environnements (les intempéries, la pluie, la neige), les autoroutes, les ponts, les tunnels, les descentes rapides et aussi la solitude au volant.
Les symptômes de l’amaxophobie
Cette peur exagérée peut se manifester :
- Physiologiquement (malaises, confusions, tensions, tachycardie, crise de panique, peur de mourir ou de perdre le contrôle de son corps)
- Émotionnellement (peur d'anticipation)
- Comportementalement (évitement)
- Au niveau cognitif (scénarios catastrophes)
L'idée que le danger est partout s’installe et grandit progressivement, par exemple les autres conducteurs sont dangereux, ils manquent de compétences, ils ne font pas attention. Les sorties en voiture sont alors risquées, la solution d’évitement s'amplifie et l'amaxophobie peut ainsi évoluer vers l'agoraphobie.
LE MODÈLE DE GIORGIO NARDONE
Dans ses livres, ses cours et ses conférences, G. Nardone et son équipe partagent généreusement les protocoles d'accompagnement qu'ils ont élaboré et testé, avec le support théorique, les exemples cliniques, les transcriptions des entrevues détaillées et nous avons pu profiter de cette chance d'apprendre et travailler grâce à ses séances enregistrées.
Le modèle d'intervention de G. Nardone
Le modèle d'intervention de G. Nardone est centré sur l’arrêt de tentatives de solution. Le symptôme est le résultat des tentatives de solution face à une difficulté. Dans les troubles anxieux, la peur est la sensation de base et c'est justement en voulant éviter la peur que la personne entre dans le filet de la phobie. Elle commence à se sentir incapable et commence à éviter ce qu'elle redoute, ou demande de l'aide. Ses tentatives de solutions apportent un soulagement immédiat, mais augmentent la peur. La personne devient réellement incapable et dépendante.
Les troubles anxieux, un trouble qui envahit l’existence
D’après G Nardone la réaction naturelle est d’éviter la situation et l'objet de la peur. Plus il y a évitement, plus la sensation de peur grandit. Avec le temps et la répétition, cela devient une solution inefficace et contre-productive. Une autre solution typique et inefficace est « demande de l'aide » car elle semble logique mais à terme elle renforce le trouble. La tentative de solution qui ne fonctionne pas davantage est « la socialisation du problème ». Le trouble envahit l’existence et devient le sujet préféré avec l'entourage, famille, amis, conjoint… Comme si l'entourage cautionnait pour augmenter le trouble.
Comment sortir des stratégies inefficaces qui aggravent la situation ?
La multiplication de ces stratégies inefficaces aggrave la situation. On observe que la possibilité de tomber dans un piège dépend principalement de l'allure que l’on adopte à l’égard d’une idée - celle d’abandonner ses croyances et ses pensées habituelles (Watzlawick, 1988).
La logique d'intervention
La logique d'intervention est centrée sur l’arrêt des tentatives de solution les plus fréquentes (évitement et demande d'aide) pour déconstruire le piège de la phobie. Le thérapeute met en place des manœuvres thérapeutiques, avec les prescriptions des tâches, pour briser les tentatives de solution dysfonctionnelles, pour élargir et expérimenter des nouvelles stratégies fonctionnelles et pour affronter les peurs.
Les troubles anxieux ne sont pas une maladie
Dans cette approche, les troubles anxieux ne sont pas une maladie. Ils sont la conséquence de tentatives de solutions dysfonctionnelles et redondantes dans une interaction circulaire. Les troubles d'anxiété, selon la thérapie systémique, sont le résultat d’un cercle vicieux d’évitement de la peur et de demande d’aide. Une citation attribuée à Einstein postule que l'ignorance, c’est de faire toujours la même chose et d’espérer obtenir un résultat différent.
L’invention de la solitude. Giorgio Nardone, Revue Hypnose et Thérapies Brèves
Mastère Clinique avec spécialisation en psychopathologie avec le CTS du Pr Nardone
NEUROBIOLOGIE DES TROUBLES ANXIEUX
On peut se présenter l'anxiété comme un phénomène progressif dont on ne peut considérer une partie que par abstraction. D'un côté, l’anxiété modérée peut être utile et motivante et d'un autre l’anxiété intense avec les réponses «fight or flight» (combattre ou fuir) permet la survie face à un danger. Paradoxalement, elle devient dangereuse lorsqu'elle dépasse un seuil de ce qui est approprié ou lorsqu'elle s’élève à un degré excessif.
Les troubles anxieux expliqués au niveau neurobiologique
Les progrès de la neuroscience expliquent les circuits neuro-anatomiques impliqués dans la peur et l’anxiété chez l’homme (le conditionnement, l’acquisition, la consolidation, la reconsolidation et l’extinction de la peur). La réponse au danger passe par le système limbique, avec l’amygdale qui est essentielle dans le traitement émotionnel et connecté à un système sophistiqué avec l’hippocampe, des zones corticales, le cortex préfrontal, le thalamus et hypothalamus.
Traitements possibles des troubles anxieux au niveau neurologique
Les stimulus de danger touchent le thalamus et peuvent ensuite être traités :
1) Soit par la voie courte (thalamus -amygdale activant des réponses immédiates avec le but de préparer la conduite de survie » (sécrétion des hormones de stress, adrénaline, accélération du rythme cardiaque élevant la tension artérielle, les réponses endocrinienne (cortisol), les réponses au niveau de comportements (évitement, sidération) et les réponses de motivation (dopamine et les sentiments agréables). Lors d'un vécu traumatique, l'amygdale peut se déconnecter de l’hippocampe (l'état dissociatif péri-traumatique »).
2) Soit par la voie longue (thalamus - le système corticale - amygdale) avec un traitement analytique et décisionnel, (Salmona, 2020)
Les réponses de la voie courte (neuro-anatomiques, comportementales et neuro-endocriniennes) pendant les manifestations des troubles anxieux dans le trouble de panique, les phobies spécifiques et sociales, l’état de stress post-traumatique et le trouble anxiété généralisée ressemblent aux manifestations chez des animaux exposés à la peur. Les phobies spécifiques pourraient s'expliquer par un dysfonctionnement des circuits de la peur (conditionnée).
FORMATIONS À L’APPROCHE SYSTÉMIQUE ET STRATÉGIQUE & FORMATION À L'HYPNOSE
Formation systémique généraliste
DU en Clinique de la Relation avec l'Université Paris 8
Mastère Clinique avec spécialisation en psychopathologie avec le CTS du Pr Nardone
Formation Coach Systémique
Formation Systémique en management de la relation avec l'Université de Grenoble
Formation Hypnose Ericksonienne en ligne