"Le paradoxe de la spontanéité", Padraic Gibson, thérapeute familial et superviseur, explore l'un des plus grands paradoxes comportementaux. Cet article examine comment la demande contradictoire de spontanéité peut engendrer stress, angoisse et troubles anxieux dans divers aspects de la vie quotidienne. À travers des exemples concrets et des analyses approfondies, découvrez comment reconnaître et surmonter ces situations paradoxales pour améliorer votre bien-être mental
Qu’est-ce qu’un paradoxe ?
Le personnage d'Homer Simpson a un jour posé la question suivante : "Dieu pourrait-il faire un burrito si chaud que même lui ne pourrait pas le manger ? Pourrait-il faire une pierre si lourde que même lui ne pourrait la soulever ?" Il existe dans la vie humaine un problème étrange dont découlent bon nombre des principaux problèmes de santé mentale. Il s'agit des effets comportementaux de ce que l'on appelle un paradoxe. Il s'agit essentiellement de toute situation dans laquelle deux messages se contredisent mais sont donnés en même temps. Ces problèmes sont bien connus en philosophie, mais ils sont très peu abordés en psychologie. Ceci est principalement dû au fait que de nombreux psychologues et psychothérapeutes ne savent pas quoi en faire.
Lorsque quelqu'un vous demande, directement ou indirectement, d'agir spontanément, vous pouvez vous trouver maladroitement bloqué, voire ressentir un net sentiment de nausée. Le paradoxe de la spontanéité peut se produire n'importe où - au sein des couples, des familles ou au travail. Un paradoxe communicationnel est un paradoxe dans lequel nous recevons deux messages contradictoires en même temps. Il s'agit de la situation dans laquelle une personne demande à une autre quelque chose qui, en réalité, ne peut se produire que spontanément et naturellement et ne peut être demandé ou provoqué volontairement - des choses telles que le rire, l'amour, l'intérêt, l'appréciation, le désir, la tendresse, etc. Lorsque ce paradoxe se produit, nous sommes pris dans une double contrainte. Par exemple, quelqu'un peut dire : "Je prends une photo de toi. S'il vous plaît, souriez. Non ! Pas comme ça ! Un grand sourire naturel et spontané !
La demande irréalisable
Demander "Soyez spontanés !", c'est exiger un comportement qui, par sa nature même, ne peut se produire que spontanément et ne peut donc pas résulter d'une demande. Par exemple, une mère bien intentionnée exige de son fils qu'il étudie, non pas parce qu'elle le veut, mais parce qu'elle veut qu'il le veuille, de son plein gré. Elle veut une conformité spontanée, et pas seulement l'obéissance à une règle.
Une personne souffrant d'insomnie est un excellent exemple du paradoxe "être spontané" parce qu'elle se met elle-même dans ce paradoxe d'"être spontané" ! Plus elle essaie de forcer le phénomène naturel que nous appelons le sommeil à se produire, plus elle reste éveillée.
Un patient qui entre dans un épisode de dépression se concentre sur les aspects positifs de sa vie et tente de se mettre de bonne humeur ou d'éprouver un sentiment positif à l'égard de sa "belle" vie, mais il se retrouve piégé. Les sentiments qu'il cherche à susciter sont "spontanés" et ne peuvent donc pas être imposés par la force. Sa tentative d'échapper à sa dépression ne fait que confirmer et aggraver ce qu'il tente de fuir.
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Violation de la nature
L'excitation sexuelle ou l'orgasme ne peuvent se produire que spontanément, car c'est le genre de phénomène qu'ils sont. Plus ils sont voulus, attendus et désirés, moins ils ont de chances de se produire. C'est ce que l'on constate régulièrement lorsque des hommes souffrant de problèmes sexuels réservent un week-end romantique "spontané et planifié". Nous pouvons alors être assurés que le problème même que lui ou sa partenaire cherche à résoudre ne sera qu'exacerbé. Nous pouvons également constater que les sentiments, les comportements et les relations qui se produisent naturellement ne peuvent se produire naturellement que si nous ne cherchons pas à les provoquer. Ils ne peuvent se produire que de manière causale. Cela peut également devenir une réelle difficulté lorsque les athlètes sont bloqués et tentent de perfectionner leurs compétences, pour finalement s'apercevoir que ces compétences leur échappent de plus en plus.
Surmonter le piège de la spontanéité forcée
Reconnaissez-le. Apprenez à détecter quand quelqu'un vous demande d'"agir spontanément". Soyez conscient de cette demande lorsqu'elle est signifiée mais non dite ou lorsqu'elle est perversement sous-entendue. Votre réponse peut être multiple. Si vous essayez continuellement de forcer un comportement spontané, arrêtez-vous, respirez et voyez s'il n'y a pas moyen de laisser la nature suivre son cours.
Prenez une vue d'ensemble de la situation et de la communication. Si quelqu'un d'autre vous place dans une situation paradoxale, parlez-en. Expliquez le paradoxe et comment vous ne resterez pas coincé.
N'en faites pas trop. Certains d'entre nous ont naturellement tendance, lorsqu'ils sont confrontés à une situation difficile, à essayer de faire plus d'efforts pour résoudre ce qui ne va pas. Le plus souvent, cela se traduit par une tendance à s'entêter à réappliquer des tentatives de solutions qui ne fonctionnent pas, ou à se tester en permanence, toujours à la recherche de nouvelles preuves de nos capacités. Cela a pour effet d'accroître notre besoin de preuves et, par conséquent, notre insécurité personnelle. Dans d'autres cas, nos efforts visent à contrôler nos émotions et notre impulsivité. Dans ce cas également, le résultat le plus fréquent est une plus grande incapacité à contrôler nos réactions émotionnelles. Mais il est également intéressant d'observer que les personnes qui parviennent à contrôler leur impulsivité se retrouvent très souvent dans un processus de contrôle obsessionnel de leurs propres réactions. Cela conduit à un besoin compulsif de contrôle, même sur des choses sans importance. Le résultat final est que lorsque le contrôle est réussi, la personne perd le contrôle du contrôle et celui-ci devient une compulsion.
