La sensibilité, ancrée dans nos sens et notre interaction avec l'environnement, varie d'un individu à l'autre selon un continuum. Ce texte approfondit la Sensory Processing Sensitivity (SPS), un trait phénotypique étudié à travers des outils comme la HSP Scale, et examine son rôle dans les perceptions, les émotions, et les réactions aux stimuli. Une exploration essentielle pour comprendre les nuances de la sensibilité et leur impact sur le bien-être.
Qu'est-ce que la sensibilité ? Comment la mesurer ?
Afin de différencier ce qui constitue un danger ou un avantage à sa survie, son développement et/ou sa reproduction, tout individu est pourvu d'une certaine sensibilité : il utilise ses cinq sens pour percevoir des modifications dans son environnement, qu'il analyse et auxquelles il réagit (Greven et al., 2019; Pluess, 2015; Pluess et al., 2018). Ici, l’environnement constitue ''tous les stimuli internes ou externes conditionnés ou non conditionnés, y compris les environnements physiques, [...] sociaux, [...] sensoriels, [...] internes'' (Greven et al., 2019). Il existe des différences interindividuelles importantes tant dans les perceptions et que dans les réponses mises en place face à ces changements, formant ainsi un continuum (Belsky & Pluess, 2009; Greven et al., 2019; Lionetti et al., 2018; Pluess, 2015; Pluess et al., 2018). Cette différence interindividuelle est décrite par le concept de Sensory Processing Sensitivity (SPS), qui s'inscrit plus largement dans la Environmental Sensivity Theory (Greven et al., 2019; Pluess, 2015) (cf Figure 1). On retrouve la SPS chez au moins une centaine d’espèces animales, telles que certains oiseaux et mammifères (Aron, 2016, p.xiv ; Greven et al., 2019; Lionetti et al., 2018; Pluess, 2015; Wolf et al., 2008).
Figure 1 : Modèles de Sensibilité à l'environnement (Greven et al., 2019)
La SPS se définie comme un trait phénotypique sous-jacent (tempérament) caractérisé par une plus ou moins grande profondeur de traitement de l'information (D- Depth of processing), susceptibilité à la sur-stimulation (O- Over-stimulation), réactivité émotionnelle
et empathie (E- Emotional Reactivity and Empathy), et prise de conscience des subtilités environnementales (S- Sensitivity to Subtleties) (DOES, cf partie Ib) (Aron, 2016, p. xv ; Aron et al., 2012; Greven et al., 2019; Homberg et al., 2016).
La littérature scientifique a démontré que la SPS est une dimension de la personnalité distincte des traits de personnalité et de tempérament existants, tant empiriquement que conceptuellement (Greven et al., 2019; Lionetti et al., 2019; Pluess, 2015; Pluess et al.,
2018; Smolewska et al., 2006). La revue critique de la littérature de Greven et al. (2019) détaille les recherches qui permettent d'affirmer cela en comparant la SPS aux théorie de personnalité d’Eysenck (1967), Théorie de la Sensibilité au Renforcement de Gray (1982), le
modèle de tempérament de Rothbart & Derryberry (1981) et le modèle de personnalité aux 5 facteurs de Costa & McCrae, (1985). Résumer Greven et al., (2019) ne serait pas pertinent, mais une hypothèse actuelle est que ''la SPS serait liée à un trait général de sensibilité à l'environnement, ou à un trait de méta-personnalité de sensibilité contextuelle, qui structurerait les différences de personnalité (animale) en déterminant dans quelle mesure le comportement individuel est guidé par l'influence de l'environnement (Aron et al., 2012)'' (Greven et al., 2019). Davantage de recherche est nécessaire pour valider cette hypothèse. Des recherches ont également été menées concernant certains troubles psychiatriques et neuro-développementaux, tels que l’autisme, le trouble du déficit de l'attention avec/sans hyperactivité, la schizophrénie et le syndrome de stress post-traumatique (Acevedo et al., 2018; Ghanizadeh, 2011; Greven et al., 2019).
Afin de placer les individus sur le continuum de sensibilité, Aron & Aron (1997) et Pluess et al. (2018) ont développé respectivement la Highly Sensitive Person (HSP) Scale (HSPS), une échelle d'auto-évaluation pour les adultes de 27 items avec des réponses sur une échelle de Likert en 7 points, et a Highly Sensitive Child (HSC) Scale, une échelle de 12 items pour les enfants âgés de plus de 8 ans (Gauvrit, 2021; Greven et al., 2019; Pluess et al., 2018). Différentes études indépendantes ont confirmé la validité psychométrique de la HSPS : ''une méta-analyse portant sur 29 études et plus de 4 000 participants, se limitant à l’échelle de Elaine Aron complète en anglais, estime le alpha de Cronbach à 0,874, ce qui est un excellent niveau de fiabilité (Smith et al., 2019)'' (Gauvrit, 2021). Certains autres auteurs tels que Malinakova et al. (2021) ont développé d’autres outils de mesure de la SPS, mais il n'y a à ce jour pas assez d'études confirmant les qualités psychométriques de ces outils. De plus, la HSPS a été traduite et validée dans de nombreuses langues ce qui permet de comparer les données et de les étudier afin d’obtenir une compréhension transculturelle de la SPS. Au niveau clinique, il peut également être pertinent de proposer à des patients bilingues la version de la HSPS en leur langue maternelle afin de permettre une compréhension plus fine des questions et donc des réponses plus proches de la réalité du patient. Il est intéressant de noter que la HSP Scale mesure la sensibilité générale d'une part, mais également trois sous-échelles indépendantes : Aesthetic Sensitivity (AES – ''conscience esthétique, e.g. être profondément touché par les arts et la musique''), Low Sensory Threshold (LST - ''excitation sensorielle désagréable aux stimuli externes, e.g. réaction aux lumières vives et aux bruits forts'') et Ease of Excitation (EOE - ''être facilement submergé par les demandes externes et internes, e.g. réponse négative à avoir beaucoup de choses à faire, à avoir faim'') (Evers et al., 2008; Lionetti et al., 2018; Pluess et al., 2018; Smolewska et al., 2006). Ces traits font partie des caractéristiques inhérentes aux HSP comme détaillé en ci-dessus, mais ne sont pas exclusifs : en effet, la haute sensibilité englobe plus de choses que la somme de ces trois traits décrits par ces sous-échelles.

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Qui dit continuum, dit plus ou moins haute sensibilité…
La sensibilité étant décrite comme un continuum, elle est donc par nature plus ou moins haute chez certains individus. Lionetti et al. (2018) explique que ''la sensibilité à l'environnement est un trait continu et normalement distribué mais que les personnes tombent dans trois groupes de sensibilité distincts sur le continuum'' : les personnes hautement sensibles (31% des individus), les personnes moyennement sensibles (40% des individus) et les personnes avec une sensibilité basse (29% des individus) (cf Figure 2). Chacun de ces groupes d'individus a des caractéristiques spécifiques comportant des avantages et des inconvénients qui peuvent leur être bénéfiques mais également les mettre en difficulté selon les situations/contextes (Lionetti et al., 2018). Les études récentes semblent s'accorder sur cette description de la sensibilité en trois groupes, bien que la majorité des études se concentrent actuellement sur la haute sensibilité. Davantage d'études sur les individus à sensibilité moyenne et basse sont nécessaires pour affiner notre
compréhension de la SPS.
Les différences entre les groupes reposent sur des caractéristiques distinctes liées aux traits spécifiques du modèle DOES, qui définissent les personnes hautement sensibles (HSP) par rapport à celles ayant une sensibilité moyenne ou basse.
La profondeur de traitement de l'information, ou trait "D", se manifeste chez les HSP par une réflexion plus longue et approfondie. Ils montrent une capacité à traiter les informations de manière complexe et intégrative, ce qui est corroboré par des études en neuro-imagerie. Ces personnes ont une tendance à une empathie plus développée, une introspection poussée et une attention particulière aux détails. Cependant, cette profondeur de traitement peut également entraîner des difficultés à prendre des décisions, notamment face à l'imprévu, et une sensibilité accrue aux souvenirs négatifs. Les HSP décrivent souvent leur monde intérieur comme riche et complexe, ce qui peut les différencier des personnes moins sensibles.
La sensibilité aux subtilités, ou trait "S", est également une caractéristique majeure des HSP. Contrairement à une sensibilité accrue des récepteurs sensoriels, il s'agit d'un traitement plus raffiné et nuancé des informations sensorielles. Les HSP remarquent des variations subtiles dans leur environnement, ce qui peut influencer leurs choix de vie, tels que leur lieu de résidence ou leurs activités professionnelles. Cette particularité est souvent associée à une conscience plus fine des stimuli environnementaux, comme les sons, les odeurs ou les textures, qui peuvent devenir gênants si l'environnement est perçu comme trop stimulant.
La réactivité émotionnelle et l'empathie, ou trait "E", se traduisent par des réponses émotionnelles intenses chez les HSP. Ces personnes réagissent de manière amplifiée aux situations plaisantes comme stressantes, en raison d'une forte connexion entre leurs processus émotionnels et cognitifs. Cette réactivité émotionnelle peut les rendre profondément empathiques, mais également vulnérables à des troubles comme l'anxiété ou la dépression en cas de sur-réaction non régulée. Leur sensibilité émotionnelle peut également les amener à éviter des situations perçues comme violentes ou oppressantes.
Enfin, la sur-stimulation, ou trait "O", reflète la tendance des HSP à être rapidement submergés par un excès de stimulation sensorielle ou sociale. Leur système nerveux, plus sensible, atteint plus rapidement un seuil de saturation, ce qui peut provoquer de la fatigue, de l'anxiété ou même un sentiment de burn-out. Les HSP peuvent développer des stratégies pour minimiser ces effets, comme la recherche d'espaces calmes ou des périodes de repos après des journées intenses. Cependant, ces mécanismes d'évitement peuvent aussi limiter leur engagement social ou professionnel.
Ainsi, chaque groupe se distingue par le degré d'expression des traits DOES, les HSP montrant une intensité nettement plus élevée que les personnes à sensibilité moyenne ou basse. Ces différences influencent profondément leur manière de percevoir, de ressentir et de réagir aux situations du quotidien.
c) Personnes hautement sensibles et risque de burnout
La susceptibilité à la sur-stimulation des HSP due notamment à un traitement plus profond de l'information, couplée à une volonté de bien faire plus prononcée, et une réactivité émotionnelle aux critiques plus importante mets les HSP à risque de burnout (Pérez-Chacón
et al., 2021; Pilgrim Conseil, 2017b). (Evers et al., 2008) décompose le lien entre cette susceptibilité à la surstimulation et le risque de burnout auxquels sont exposés les HSP en trois hypothèses. Nous verrons que chacune de ces explications est en lien direct avec les
caractéristiques cliniques du burnout telles que décrites par le Maslach Burnout Inventory (MBI - cf partie Id & annexe 2) (Maslach et al., 1997). Premièrement, (Evers et al., 2008) explique qu’une personne qui est facilement submergée par tout type de stimuli risque de percevoir le travail comme “complètement chaotique : un bombardement de stimuli forts et sans sens qui perturbe efficacement chaque tâche”. Ainsi, le HSP peut avoir des difficultés à trouver son travail cohérent, compréhensible, gérable et significatif (cf score élevé d’épuisement professionnel (SEP) dans la MBI).
Deuxièmement, (Evers et al., 2008) ajoute que, de manière systémique, lorsqu’un individu est submergé par les stimulis qui l’entourent, il a généralement des difficultés à influer de manière efficace sur le monde qui l’entoure ; et lorsqu’un individu se considère incapable d’influencer, de régler ou de changer les choses qui l’entoure, il se laisse facilement submergé par ces stimuli. “En référence à Bandura, ils ont un faible sentiment d’efficacité personnelle, ce qui implique qu'ils deviennent en effet beaucoup moins efficaces qu'ils n'auraient pu l'être s'ils avaient eu une autre opinion d'eux-mêmes (Bandura, 1997; Evers et al., 2008; Schwarzer & Jerusalem, 1993)” (Evers et al., 2008). (cf score faible d’accomplissement personnel (SAP) dans la MBI).
Troisièmement, (Evers et al., 2008) souligne que “lorsqu’un individu se sent submergé, il rencontre alors des difficultés à s’engager dans le travail à accomplir : il a alors tendance à se détacher émotionnellement du travail et à entrer dans un état d’”aliénation” (Kobasa,
1979), probablement en se coupant de leur capacité à ressentir (Schabracq & Cooper, 2003)”. (cf score élevé de dépersonnalisation (SD) dans la MBI).
d) Définition du burnout
Le burnout, aussi appelé syndrome d'épuisement professionnel, n'est pas une maladie caractérisée, mais peut être défini comme ''un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d'un investissement prolongé dans des situations de travail exigeant sur le plan
émotionnel'' (HAS, 2017; Schaufeli & Greenglass, 2001). D'après la HAS (2017b), voici certains facteurs de risque du burnout : intensité et organisation du travail (ex: objectifs irréalistes, surcharge de travail), exigences et dissonance émotionnelles importantes,
manque d’autonomie, relations dans le travail (ex: conflits, manque de soutien), conflits de valeurs et insécurité de l’emploi, mais également certains traits de personnalité s'ils limitent les capacités d'adaptation (coping) du sujet (HAS, 2017). Une des échelles recommandées par la HAS (2017) afin d’évaluer le syndrome d’épuisement professionnel est le Maslach Burnout Inventory (MBI) (Maslach et al., 1997). Cet outil a été traduit et validé en français par Bocerean et al. (2019), qui en a démontré les qualités psychométriques. Le MBI se divise en trois sous-échelles : le score d'épuisement professionnel (SEP), le score de dépersonnalisation / perte d'empathie (SD) et le score d'accomplissement personnel (SAP). Plus le SEP et le SD sont élevés, et plus le SAP est bas, plus le degré de burnout est élevé.
Le burnout, de plus en plus étudié sur le plan médical afin de définir un tableau clinique précis qui permette de le repérer de manière efficace (ex : MBI) et de proposer des prises en charge adéquates (arrêts de travail, prescriptions médicamenteuses, etc…), est également sujet à une judiciarisation, ayant pour objectif de prévenir ce phénomène d’épuisement professionnel et de punir les instances qui manqueraient à cette prévention (ex : prud’hommes). Malheureusement, cet élan de protection et de prévention (càd la solution proposée par les institutions) s’avère parfois plus néfaste que bénéfique (le problème, c’est la solution?). En effet, (Scorraille et al., 2017) soulignent l’aspect pathologisant à cette réponse (arrêts de travail répétitifs, prescription d'anxiolytiques et d'antidépresseurs, inaptitudes, besoin d’avocats pour se protéger, etc…), qui “envoie le message que la souffrance du travail ne pourrait pas être soignée ou régulée par ceux qui sont touchés”.
Ainsi, le locus de contrôle devient externe : ceci nous renvoie au phénomène décrit par (Evers et al., 2008)
Figure 3 : Cycle interactionnel entre le problème “burnout” et les tentatives de solutions redondantes proposées par la médecine et la justice pour protéger les individus en situation d’épuisement professionnel.
Finalement, la haute sensibilité : un facteur de risque ou de protection du burnout ?
Pérez-Chacón et al. (2021) identifie la haute sensibilité de manière générale comme un facteur de risque pour le burnout. Cependant, il nuance en soulignant qu'une des trois sous-échelles possible de la HSPS, la LST (Low Sensory Threshold), constitue un facteur protecteur pour l'accomplissement personnel, une des dimensions de la MBI (SAP). Il semble donc légitime de se demander dans quelle mesure, la haute sensibilité constitue un facteur de risque ou de protection du burnout. Premièrement, Pérez-Chacón et al. (2021) explique que “lorsque la haute sensibilité est gérée de manière adéquate, elle peut devenir une ressource personnelle avec un fort potentiel pour générer une réalisation personnelle dans son travail”. Il explique que grâce à une sensibilité sensorielle plus importante aux changements, l’individu est en mesure de percevoir de manière plus fine ses besoins et donc de choisir de manière plus adéquate une stratégie de coping adaptée au type de demande (émotionnelle, relationnelle, cognitive ou autre) se révélant problématique. Il souligne cependant qu’afin d’arriver à cela, l’individu doit préalablement découvrir les subtilités personnelles de sa sensibilité, puis l'accueillir, afin de mieux la comprendre et de "cope" avec celle-ci. Bakker & Moulding (2012) et Brindle et al. (2015) soulignent d’ailleurs qu'une partie importante du travail thérapeutique avec les HSP est ''l'acceptation des stimuli'' ; (Evers et al., 2008) ajoute l’importance de leur apprendre à prendre en compte les situations difficiles dans leurs différents domaines de vie, et de “leur apprendre comment trouver du calme, par exemple à travers de la relaxation musculaire, méditation, yoga, aikido, ou du sport”. Il est intéressant de noter que Bas et al. (2021) reporte dans son étude qualitative sur l’expérience des HSP que l’utilisation de la mindfulness et de l’acceptation sont des stratégies jugées efficaces par les HSP pour améliorer leur bien-être au quotidien.
NB : Le terme "gérer” sa sensibilité est souvent, dans le discours populaire, associé au fait de la "réprimer" car, mal interprétée, la sensibilité est majoritairement culpabilisée et subie comme un "défaut d'adaptation" à une illusoire "normalité". Un exemple frappant est la prescription importante d'anti-dépresseurs et d’anxiolytiques : souvent demandés par les sujets qui souhaitent "aller toujours plus loin" dans les processus engagés, "tenir", plutôt que d'interroger les signaux de mal être, qui se révèlent pertinents, ces médicaments sont prescrits par des médecins qui appartiennent également à ce système pathologisant, tel que décrit dans la partie précédente. Ainsi, la thérapie peut être un outil efficace pour arriver à la découverte de sa propre sensibilité et à de meilleures stratégies de “coping”, ainsi que des campagnes de sensibilisation et de prévention du burnout, notamment auprès des professionnels de santé qui sont susceptibles d’accompagner des patients en situation de burnout (Pérez-Chacón et al., 2021).
De manière plus large, bien que la littérature se soit longtemps concentrée sur les désavantages de la haute sensibilité (et sur le diathesis stress model), la théorie de SPS souligne aujourd’hui que d'un point de vue évolutif un trait tel que la haute sensibilité ne serait pas aussi répandu dans la population générale s'il ne conférait pas des avantages sélectifs (Belsky & Pluess, 2013 ; Booth et al., 2015). En effet, si les HSP sont plus vulnérables aux événements négatifs et aux contextes environnementaux non-soutenants, ils sont également plus à même de répondre favorablement aux influences environnementales positives et au soutien provenant de l'environnement (Aron et al., 2005; Belsky & Pluess, 2009; Booth et al., 2015; Lionetti et al., 2018). Par ailleurs, Wyller et al. (2017) rappellent que la détresse psychologique d’un individu est due aux processus et contenus de pensée inadaptés suivant des stimulis sensoriels ou émotions négatives ressenties (càd à la réactivité cognitive), et non pas à ces stimulis en eux-même (Greven et al., 2019). C’est donc bien ''la réactivité cognitive des individus [qui permet de] distinguer les individus sains et malsains avec un SPS élevé (Wyller et al., 2017)'', et non pas le simple fait d'être HSP (Greven et al., 2019). Un suivi psychologique adapté peut aider les HSP en souffrance à modifier leur manière de réagir à ces stimulis sensoriels. Bakker & Moulding (2012) et Brindle et al. (2015) soulignent d’ailleurs qu'une partie importante du travail thérapeutique avec les HSP est ''l'acceptation des stimuli''. Concernant les interventions psychologiques chez les HSPs, certaines études ont montré que les HSP semblent mieux y répondre que les non-HSP (Belsky & Pluess, 2009; Booth et al., 2015; Greven et al., 2019; Lionetti et al., 2018). De plus, Malinakova et al. (2021) souligne que si les HSP ne représentent que 31% de la population générale, il est probable qu’ils représentent presque 50% des patients en cabinet, dû à leur meilleure conscience des événements internes, et une plus forte propension à consulter et à reporter des symptômes, notamment somatiques (Meyerson et al., 2020). On peut également supposer que la psychothérapie est une approche thérapeutique qui leur convient particulièrement car en lien
direct avec leur tendance naturelle à traiter les informations plus profondément.
Traiter les HSP pour traiter le burnout
Mis bout à bout, ces éléments nous mènent donc à nous questionner davantage sur notre rôle de thérapeute dans l’accompagnement des HSP en situation de burnout. Il semble en effet que “traiter” le burnout sans travailler sur la sensibilité de l’individu et sa manière de la “gérer”, mènerait à un risque de rechute important, étant donné que cette dernière fait partie inhérente du fonctionnement des HSP.
Où se former à l’approche systémique et stratégique ?
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