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      Lact a le plaisir de vous proposer en intégralité, la webconférence du Dr. Linda METCALF tirée de la 5ème édition International Webinar, intitulée :  « L'état d'esprit intrépide : utiliser la thérapie narrative axée sur les solutions pour aider les enfants et les adolescents à faire face à la peur ».

      Linda METCALF

      M.Ed., PhD, LMFT est actuellement présidente de la Texas Association for Marriage and Family Therapy. Elle est l'ancienne directrice des programmes de conseil aux études supérieures à la Texas Wesleyan University à Fort Worth, Texas.

      Retranscription

      Bonjour, je suis le docteur Linda Metcalf et je vous parle aujourd'hui depuis Fort Worth au Texas, Etats-Unis, de Fearless Mindset, au sujet de l’approche de thérapie narrative orientée solution tout à fait adaptée pour travailler avec les enfants et adolescents qui ont un problème de peur. 

      Cette approche ciblée découle d'une conviction selon laquelle, lorsque les clients se trouvent dans un contexte où ils peuvent identifier leurs forces, leurs capacités, et les exceptions, ils peuvent se construire un avenir meilleur où tous leurs espoirs sont permis.

      Dans le cas de la peur, la thérapie orientée solution se concentre souvent sur des contextes dans lesquels le client a pu faire face à sa peur, ou a réussi à mieux la gérer. Lorsqu'un enfant ou un adolescent vient parler avec vous de sa peur, c'est ce qu'il ressent au moment où il est face à vous, sans se rendre compte qu’il l’a fait alors qu'il était dans votre bureau les deux pieds bien à plat sur le sol en train de vous parler, ce qui signifie qu'il a les moyens de faire face. Dans une thérapie orientée solution, le thérapeute pourrait vouloir poser des questions sur la façon dont le patient a géré jusqu'à présent cette peur :“Comment avez-vous su qu'il fallait que vous veniez me parler aujourd'hui ? L'avez-vous fait ? - C'est incroyable ; je suis impressionnée !"

      L'approche narrative de la thérapie se concentre sur la perception qu'une personne a d'elle-même, et qui peut résulter de plusieurs choses, y compris le discours qui occupe une place importante dans sa vie. Le discours peut émerger de relations familiales ou d'autres contextes créant une histoire problématique. La personne vit sa vie en se basant sur le discours ou sur cette histoire problématique. Dans le cas de la peur, le thérapeute narratif peut aider le client à cartographier sa peur, à déconstruire l'auto-description actuelle du client en tant que personne qui a peur et peut-être l'aider à élaborer un plan pour alléger cette peur et, dans notre cas aujourd'hui, commencer à développer un état d'esprit plus serein. Les idées de cette présentation sont basées sur un livre que J'ai écrit en 2017 : « une thérapie narrative axée sur les solutions ». Et en tant que thérapeute narratif centré sur la solution, j'ai suggéré dans ce livre qu'il y avait trois chemins différents à suivre en me basant sur les histoires que les clients m'ont présentées au fil de mes années de thérapie, en entrant dans leur vision du monde qui est une construction axée sur les solutions. 

      Premièrement, je trouve un moyen de coopérer en regardant où ils sont dans la description de leur problématique qui est également une construction de la thérapie narrative. J'essaie d'explorer avec eux, à leur côté (jamais en m'imposant) ce qu'ils font de mieux pour avoir un bel avenir, et avec leur aide, et une fois qu’ils ont commencé à me dire, à quoi cela ressemblerait. Mais parfois il faut un peu plus de temps pour leur faire dire autre chose que ce à quoi ressemblent leurs plus grands espoirs. Faire ça pour certains clients très craintifs, qui ont été traumatisés, qui sont très déprimés ou anxieux, c'est presque irrespectueux d'une certaine manière. J'aime donc leur donner une petite chance de me parler un peu de leur problème, pas beaucoup, mais assez pour que je puisse voir et comprendre le discours qui les entoure et fait perdurer l'histoire problématique.J'emprunte cette première voie avec les clients qui semblent être dépassés par un problème tel que la peur. Je vais commencer par cartographier l'influence de la peur sur le problème pour avoir une idée de l'impact du problème. Puis, je vais vous montrer les questions que j'ai tendance à poser. Je pourrais dire: "-dites-moi comment nous pourrions parler de ce problème qui essaie de prendre le contrôle de votre vie" et j'attendrais d'eux qu'ils me donnent quelques idées. Parfois ils éludent cette question qui est pourtant une question importante car elle nous donne à tous les deux une chance d'accéder à un langage qui semble correspondre à ce que le client vit. Pour les jeunes et les enfants j’utilise même des crayons et du papier, et leur demande de faire un dessin de ce à quoi ressemble le problème. Ensuite je leur demande de m’expliquer comment cela s'est passé et par exemple parler du "le monstre de la peur qui vous a empêché de vivre votre vie comme vous le souhaitiez".

      Quelle est l’étape suivante ? La cartographie des effets du problème que Michael White a suggérés dans son travail : quand je fais ça, je commence à dresser une liste, je vais appeler cette liste la liste numéro un, je vais écrire toutes les réponses qu'ils me donnent.

      Comment vous vole-t-on d'autres choses, comment l'ingérence se fait-elle ? Nous voyons souvent émerger une dizaine de choses. Plus vous obtenez d'éléments sur ‘comment quelque chose a eu un impact sur leur vie’, plus vous avez de chances de construire quelque chose contre le problème. J'ai appelé cela "construire un dossier contre le problème". 

      Je vais continuer ensuite avec "que pensez-vous de ce que la peur du monstre suscite comme sentiments, pensées, croyances ?" "Et que disent les autres sur la façon dont ce monstre de peur a pesé sur votre vie. Que disent les enseignants, que disent vos parents ? Que disent vos meilleurs amis ?"Quoi d'autre au sujet de ce monstre ? A la fin de cette conversation vous devriez avoir toute une liste et vous remarquerez qu'ils continuent à répondre et qu'ils ne cessent de parler de plus en plus profondément, presque émotionnellement. A la fin de cette première partie, j'évalue l'impact sur une échelle de 1 à 10, le 10 signifiant que le monstre de la peur a complètement pris le dessus. Vous êtes le numéro un dans votre vie et vous en êtes le responsable. Où se trouve-t-il en ce moment ? Pour les jeunes enfants j'aime utiliser mes mains « si le monstre de la peur est épais comme ça en tenant compte du fait qu’il rend les choses difficiles et que ça veut dire que vous n'êtes plus responsable de votre vie, c'est-à-dire que c'est lui qui prend tout en charge et pense à votre place et que cette épaisseur-là signifie que vous êtes davantage responsable, que ça va mieux, et qu'alors, vous viendrez me dire que vous vous sentez bien et que les choses vont bien ». C'est une autre façon de travailler avec les jeunes enfants. 

      Il faut rester curieux et demander au client de penser à vaincre le monstre de peur et suggérer avec sa permission, la façon dont il se sentira après, et ce qui pourrait l'aider. Je lui demande aussi, avec sa permission, et je vérifie : "Que feriez-vous si vous veniez à bout de votre monstre, comment cela pourrait-il être utile ?" Je lui demande aussi s'il est d'accord pour parler d'intrépidité. Que pourrez-vous faire de différent une fois que l'intrépidité aura pris le dessus par rapport à la peur ? et quoi d'autre....? C'est l'occasion pour eux de rêver, c'est le début d'une construction de l'avenir privilégié. Et puis quoi d'autre ? Vous vous voyez faire quoi d'autre ? Nous voulons vraiment une description complète.Une longue liste est donc très utile. Vous serez surpris qu'il puisse s'interrompre pendant un certain temps, et s'il ne sait pas quoi répondre, donnez-lui un peu de temps et il continuera en vous donnant des réponses : Écrivez-les !

      Nous arrivons ensuite à la question miracle : "Supposons que demain vous vous réveillez et le monstre de peur est devenu beaucoup plus petit du jour au lendemain, dites-moi ce que vous pourriez faire alors que le monstre de peur n'est plus aussi grand quand vous vous levez et au cours de la journée ? Que feriez-vous d'autre ? Que feraient les autres en vous voyant faire et que leur diriez-vous ?"Votre monstre a diminué de taille et il continue à rétrécir et c'est en train de redevenir comme avant, parlez-moi des moments où vous avez fait certaines choses juste un petit peu ». Nous pouvons ensuite renforcer leurs capacités en parlant des exceptions :« Parlez-moi de ce que vous avez fait de ces choses-là juste un peu, quand votre monstre était proche et même quand il était là, bien présent, vous l'avez quand même fait ? » Demandez-lui de les écrire, l’idéal est d’obtenir 10 à 15 réponses différentes. Vous allez être surpris, continuez à poser des questions. Par exemple, que diraient vos amis de ce que vous avez fait ? Que diraient vos parents ? Votre coach a dit que vous l'avez fait, votre chat a dit que vous l'avez fait, et vous obtenez toutes sortes de réponses que vous listez. 

      Ensuite j'ai trouvé très utile de relire les deux listes et en particulier la première, je ralentis, je vais vraiment très très lentement, en faisant une pause entre chaque réponse, à l'endroit où commence l'impact du monstre, et ensuite je lis ce qu'ils ont dit, au moment où ils ont pu faire les choses, les choses qu’ils ont prévu de faire dans l’avenir, quand le courage va prendre le dessus par rapport à la peur du monstre. A la fin de la conversation je leur dis quelque chose d'aussi simple que :"j'espère vous revoir bientôt et apprendre ce que vous avez décidé de faire à partir de ces deux listes : Ce sera vraiment passionnant pour moi de voir ce que vous décidez de faire. ou « J'ai hâte de vous revoir ». Après, je laisse mes clients me dire quand ils veulent revenir.Je vais faire ensuite une copie de chaque liste et la donner au jeune pour qu'il l'emporte avec lui. 

      Je souhaite terminer cet entretien en parlant brièvement d'un cas que j'ai intégré dans mon livre sur la thérapie narrative orientée solution. Il s'agit d'une jeune femme prénommée Olive, le jour où sa mère l'a amenée en thérapie, elle s'est assise et a dit "ma fille dit qu'elle a un monstre dans la tête" et quand la mère a commencé à pleurer, j'ai imaginé qu'elle était très préoccupée par sa fille dont elle pensait qu'elle était troublée par quelque chose de terrible, comme un trouble mental à cause des choses qu'elle faisait depuis qu'elle avait 10 ans : elle allait tous les matins et tous les soirs à chaque porte de la maison qu'elle ouvrait et faisait un geste de la main avant de la fermer deux fois, elle ne buvait pas à une fontaine d'eau à l'école avant d'avoir regardé le plafond trois fois, elle se coiffait 15 fois chaque matin et se brossait les dents cinq fois par jour, elle était implacable dans son besoin de faire toutes ces activités et beaucoup plus et, quand j'en ai parlé avec elle, elle m'a dit qu'elle avait peur que ce ne soit pas parfait. “ je ne vais pas être capable de faire les choses comme il faut et j'ai peur d'échouer, dans l'une de ces tâches”. Quand je lui ai demandé comment ces actions l'ont aidée, elle a dit qu'elle avait un monstre dans la tête et qu'elle ne savait pas dire comment c’est arrivé. Elle a même dit que cela l'avait empêchée de regarder son émission préférée :"Le pouvoir des sirènes". Ce sont des sirènes qui sont dotées de super pouvoirs. J'ai écouté Olive pendant un certain temps, et j'ai appris qu'il y avait des moments où le monstre n'était plus dans sa tête, avec des exemples dans plusieurs situations courantes et qu'actuellement, il n'y en avait pas autant qu'il y a quelques années. 

      C'était encourageant et j'ai donc écrit toutes ces choses sur ma deuxième liste et lui ai ensuite posé une question : "suppose que j'ai saupoudré de la poussière de fée sur ta maison ce soir et que quand tu vas te réveiller demain, le monstre ne sera plus là, que se passera t-il au premier réveil, qui te dira que ça va mieux, quelles seront les améliorations ?" et elle les a décrites en détail : elle serait une jeune femme très enthousiaste, elle ferait beaucoup de bricolage, plus souvent, et regarderait dans la série "super héros" son super héros préféré! Elle irait à un spectacle de sirènes, irait prendre un verre avec quelques amis, boirait à la fontaine de l'école sans regarder le plafond à trois reprises et lirait un chapitre entier d'un livre sans s'arrêter et ne ferait pas ce truc avec la main qui est de verrouiller et déverrouiller les portes parce qu'elle avait  tellement peur que les serrures de la maison ne fonctionnent pas.La façon dont elle a l'a fait m'a fait penser que c'était une jeune personne vraiment vive !

      Je lui ai donc demandé si elle pouvait écrire ses pensées sur le papier pendant qu'elle commençait à dessiner sur le thème de ce qu’elle fera un jour quand elle n’aura plus de monstre dans sa tête. Alors qu'elle était occupée à dessiner, je lui ai également dit que je serais curieuse de voir cette série de super héros. Je lui ai demandé ce qu'elle avait aimé à ce sujet en espérant trouver d'autres choses à utiliser dans notre conversation, et j'ai appris que les sirènes de l'émission avaient des super pouvoirs. Je me suis demandée à voix haute si elle aussi pourrait prétendre avoir des super pouvoirs comme les sirènes et elle a souri, a ri, et a regardé sa mère elle a donc pu, ce jour-là, m'en dire bien plus sur ce qu'elle faisait pour ne pas laisser le monstre entrer dans sa tête. Ça a été fascinant de l'entendre soudainement parler de ce qu'il se passait à l'école, elle a même dit qu’à certains moments, ça arrivait aussi à la maison, elle jouait avec son frère et le monstre est moins apparu, pendant qu'elle dessinait aussi . Voilà ce à quoi ressemble le dessin, elle m'a dit que le monstre défendait le pouvoir et que c'était ce qu'elle appréciait. C’est la preuve que dans certains cas, elle ne voulait pas répéter ce qu'elle entendait dans les show. Elle avait tendance à faire beaucoup de ces choses d'une manière qui faisait penser à un trouble obsessionnel compulsif mais pas une seule fois je n'ai fait allusion à ça et à la place, nous avons parlé du monstre dans sa tête. Il s’agit d’une autre raison pour laquelle j'aime travailler de cette façon, cela permet d'éviter de se tromper de diagnostic. Ne pas faire de longues phrases, faire davantage parler des choses qui se produisent dans sa vie qui sont bonnes pour elle, ce sont toutes les idées qui ont émergé pour l’aider à se défendre et qui ont fait partir le monstre.

      La thérapie a duré 3 séances et, un jour, je lui ai demandé si elle souhaitait faire un certificat. Elle a aimé l'idée. J'ai donc apporté le certificat avec l'intention de ne mettre qu'une chose ou deux qu'elle avait à faire pour réussir à chasser le monstre de sa tête, mais elle a trouvé tant de choses différentes que je les ai toutes écrites, nous avons donc écrit ensemble tout ce qu'Olive avait réussi à faire pour réduire le monstre dans sa tête. Et elle a accompli cette tâche : refuser de fermer les portes, ne se brosser les cheveux que cinq fois, lire des livres et faire beaucoup d'autres grands changements. Elle a développé des super pouvoirs pour chasser le monstre de sa tête, elle peut donc s'amuser bien plus en faisant des activités graphiques, en jouant avec ses amis, et en regardant son émission sur les super héros! J'ai fait une copie du certificat et je l'ai gardée. Elle a gardé l'original et sa maman m'a dit plus tard dans un mail qu'elle se portait très bien, et qu'elle continuait à ajouter des choses dans le certificat. 

      Pour compléter cette présentation de la thérapie narrative orientée solution, je dirais que la thérapie peut combiner le meilleur des thérapies postmodernes et que chacune se déroule selon le même état d'esprit, à savoir que les clients sont débrouillards et confiants dans le fait que la solution est ciblée. Le modèle de thérapie narrative permet également au thérapeute d'utiliser le côté orienté vers l'action et la recherche de solutions par étapes et que le modèle de thérapie narrative est également très adaptée dans les problèmes tels que la peur. Nous sommes ensemble, le thérapeute a une façon d'impliquer les clients pour identifier ses valeurs, ses croyances, mais aussi à rechercher des exceptions et des compétences qui peuvent annihiler leur peur. C'est la fin de ma présentation et si vous avez des questions je les attends avec impatience dans notre discussion,  je vous donne mes coordonnées. Il y a le livre que j'ai écrit en 2017 dont je suis très fière parce qu'il utilise le modèle de thérapie narrative axé sur les solutions même si à cette époque, je ne le savais pas. J'ai continué à me dire que j'étais un thérapeute axé sur la recherche de solutions qui utilisait la thérapie narrative mais je peux voir maintenant quel en était l'esprit. Je vous remercie vivement.

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