Formation en ligne, enjeu pour l’enseignement des approches systémiques

Un peu d’histoire

Dès le XIXe siècle, l'enseignement à distance a commencé à se développer avec des institutions telles que l'Université de Londres et les initiatives de Louis Eyrolles, offrant des cours par correspondance aux étudiants et aux ouvriers. Cette forme d'éducation a gagné en popularité, notamment dans les pays en développement dès les années 1960, en réponse aux contraintes budgétaires et à l'insuffisance des qualifications des enseignants. L'Open University, créée en 1969, et d'autres institutions comme l'University of Phoenix, se sont orientées vers l'enseignement à distance, profitant de l'avènement des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans les années 1990 pour desservir un public plus large à moindre coût.

L'enseignement à distance, ou formation ouverte et à distance (FOAD), englobe aujourd'hui les cours par correspondance, les cours en ligne, et les MOOCs, visant tant la formation initiale des étudiants traditionnels que la formation continue des professionnels. Grâce aux TIC, cette forme d'éducation est devenue plus accessible et conviviale, permettant à un large public, y compris ceux avec des contraintes géographiques ou sociales, d'accéder à l'apprentissage.

L'e-learning, ou formation en ligne, a transformé l'enseignement à distance en permettant une interaction plus dynamique entre l'enseignant et l'apprenant. Les supports de cours et les travaux sont désormais accessibles et soumis via des plateformes en ligne, facilitant l'autonomie des apprenants. Le succès du e-learning, particulièrement notable aux États-Unis dès 2003, a été plus progressif en France, où il a été initialement adopté par de grandes entreprises et quelques universités pionnières. L'Union européenne définit le e-learning comme l'utilisation des nouvelles technologies pour améliorer l'apprentissage, en facilitant l'accès aux ressources et en encourageant la collaboration à distance, reflétant la diversité des outils et pratiques dans ce domaine.

Apports et limites des formations à distance

Le développement du e-learning a intégré l'apprentissage synchrone (en temps réel) à l'asynchrone (en différé), améliorant l'interactivité et l'efficacité de l'apprentissage en ligne. L'apprentissage synchrone favorise les échanges en direct, renforçant la cohésion et la collaboration entre étudiants. Les technologies de l'information et de la communication pour l'éducation (TICE) permettent diverses formes d'e-learning, combinant des éléments synchrones, asynchrones, et multimédia, mais ne peuvent seules garantir l'efficacité pédagogique.

L'efficacité de l'e-learning repose sur une approche socioconstructiviste, favorisant l'autonomie de l'apprenant. La mise en place d'un dispositif digitalisé vise à réduire les coûts, augmenter la réussite et assurer l'équité et la satisfaction des usagers. Bien que le e-learning offre de nombreux avantages en termes de démarche innovante et de réduction des coûts, il présente également des défis spécifiques liés au choix du mode d'apprentissage et à ses conditions d'utilisation.

Les apports du e-learning découlent de la digitalisation, offrant richesse, autonomie, et attractivité, tandis que ses limites sont liées au choix et à l'application du mode d'apprentissage. La qualité et l'efficacité de l'apprentissage dépendent fortement du rôle et de l'implication du formateur. La crise sanitaire actuelle a accéléré la combinaison de l'enseignement en présentiel et à distance, tirant parti de la flexibilité et de l'accessibilité géographique et temporelle offerte par le e-learning.

La plateforme numérique, essentielle au e-learning, fait partie de la digitalisation globale de la société, accentuée par les besoins du télétravail lors de la crise sanitaire. Cette transition vers le e-learning modifie les méthodes d'enseignement et d'apprentissage, ainsi que l'offre et la demande de formation, mettant en avant l'importance de la relation formateur-apprenant. Inspiré par le constructivisme pédagogique, le e-learning vise à encourager les apprenants à construire leur propre connaissance, en passant d'une pédagogie centrée sur l'enseignant à une pédagogie centrée sur l'apprenant, reflétant la diversité des outils et des approches pédagogiques dans le domaine.

Le niveau d’interactivité

L'interactivité dans l'apprentissage en ligne est influencée par les méthodes pédagogiques employées, augmentant notamment dans le cadre du social learning et des classes inversées. Ces approches favorisent les interactions entre pairs et avec les formateurs, allant au-delà de la simple transmission de connaissances pour inclure la participation active et la collaboration. Les MOOCs, bien que prometteurs, ont été critiqués pour leur faible taux d'interaction et de persévérance des apprenants, soulignant les limites de l'approche massive en ligne. En revanche, les pédagogies comme le game based learning et les jeux sérieux encouragent une activité visible des étudiants dans la manipulation des savoirs et la collaboration.

L'apprentissage par projet, tel qu'expérimenté à l'Université de Lorraine, illustre l'efficacité d'une approche constructiviste qui favorise l'interaction dans un environnement reconstitué, particulièrement en mode hybride qui combine des sessions synchrones et asynchrones. Le blended learning, mélangeant formation en présentiel et à distance, répond à la nécessité d'une formation flexible tout en maintenant l'interaction et la communication directe avec les formateurs. L'efficience de l'apprentissage en ligne dépend de la qualité des formateurs, de la présence transactionnelle, et de l'adaptation des moyens pédagogiques aux besoins des apprenants. La relation formateur-apprenant, essentielle dans le contexte des TIC, requiert un engagement actif du tuteur pour accompagner et mobiliser les compétences des apprenants. Les critiques des MOOCs mettent en lumière la nécessité d'une approche plus personnalisée et encadrée, malgré les avantages potentiels pour la formation continue.

L'étendue des compétences développées à travers l'e-learning doit être diversifiée, allant de la compréhension conceptuelle à l'application pratique, en passant par la créativité et la capacité critique. La stratégie d'apprentissage choisie doit donc être adaptée au public cible, en privilégiant une approche qui favorise à la fois l'apprentissage direct et collatéral. La conception d'une formation digitalisée exige du formateur un éventail de compétences allant du conceptuel au technique, en passant par l'organisationnel et le relationnel, pour répondre efficacement aux besoins diversifiés des apprenants.

Réutilisation des connaissances 

L’utilisation des connaissances dans le contexte de l'e-learning se réfère à la capacité des apprenants à appliquer les connaissances acquises grâce aux outils digitalisés dans des situations pratiques, telles que leur milieu professionnel. Cette notion souligne l'importance de la pertinence et de la transposabilité des outils d'apprentissage en fonction des besoins, des attentes et des compétences des utilisateurs. Malgré l'hypothèse répandue que les digital natives sont naturellement à l'aise avec les technologies de l'information et de la communication (TIC) dans un cadre éducatif, des études montrent que ce sont plutôt les individus âgés de 35 à 45 ans qui utilisent le plus les technologies numériques dans l'apprentissage.

L'efficacité de l'utilisation des connaissances dépend largement de l'intégration du travail collaboratif et des mises en situation, qui enrichissent les compétences de communication essentielles dans le milieu professionnel. La mise en situation favorise l'autonomie, l'organisation, l'expérimentation et la créativité des apprenants, tout en développant une collaboration spontanée et en augmentant leur motivation et satisfaction grâce à des situations réflexives et de feedback.

Le game based learning, en particulier, illustre bien comment l'aspect ludique des simulations numériques peut encourager l'expérimentation et la reproduction des compétences dans un cadre réel. Les études sur ce sujet mettent en lumière les bénéfices de l'apprentissage par le jeu sur la mémorisation et l'acquisition de compétences, en soulignant l'importance de l'apprentissage à son propre rythme, de l'adaptation du parcours à différents niveaux d'utilisateurs, de l'autonomisation et des effets positifs sur la motivation et l'estime de soi.

En conclusion, l'utilisation des connaissances dans l'e-learning est essentielle pour garantir que l'apprentissage numérique ne se limite pas à l'acquisition de savoirs théoriques, mais s'étend à l'application pratique des compétences dans divers contextes professionnels et personnels, en mettant un accent particulier sur le feedback et le travail collaboratif.

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