"Quand le travail fait mal"
Nous allons aborder aujourd’hui la thématique sensible qu’est la souffrance au travail et qui fait l’objet de notre livre "Quand le travail fait mal". Ce livre ne s’est pas écrit sans mal, comme tout travail, mes co-auteurs mon ami Olivier Brosseau et mon tendre époux Grégoire Vitry ne me contrediront pas et pourront vous dire qu’on peut traverser le mal-être !
Je suis très émue ce matin de vous faire part de notre travail et je tiens à dire à Olivier et Grégoire comme ils me sont précieux et comme je suis fière de notre travail !! On ne se le dit jamais assez souvent !!
Je reviens vers vous à présent sur notre sujet, la souffrance au travail.
Tout d’abord de quoi parle-t-on ?
Rappelons tout d’abord que le travail fait du bien la plupart du temps mais il peut faire mal et faire souffrir, et quand c’est le cas quels sont les symptômes qui sont associés à cette souffrance ?
Ils sont divers et variés comme vous pouvez le voir : de débordements émotionnels en somatisations graves. Et cette liste n’est pas exhaustive !!
Ces symptômes font l’objet depuis plus années de préoccupations qui ont été largement médiatisés et qui ont fait émerger un problème de santé mentale mettant en cause le travail et non plus seulement l’individu ou son histoire personnelle. Le travail mettrait en danger notre santé mentale.
On a tout d’abord eu un livre sur le harcèlement qui a fait écho à des situations de travail, parallèlement à cela une vague de suicide à partir desquels le management de grandes entreprises comme France Telecom, Renault, La Poste, etc.. a été remis en cause, les psychologues ont repérés des troubles somatiques liés au stress comme le Troubles musculosquelettiques par exemple.
Face à tout cela, une réglementation sur les RPS a été imposée aux entreprises, une réglementation sur le harcèlement a été consignée dans le code du travail et fait l’objet de sanctions pénales,
Ces dernières semaines, le syndrome d’épuisement professionnel que l’on nomme burn-out a fait l’objet d’une tentative de reconnaissance en maladie professionnelle devant les parlementaires mais a été pour le moment rejeté.
Que peut on donc dire à propos de la souffrance au travail ? C’est qu’elle est préoccupante, qu’elle est prise au sérieux et la question que l’on peut se poser c’est l’efficacité de toutes ces mesures ? Arrive-ton à maîtriser la souffrance au travail ? est--il possible de canaliser le risque de pathologie mentale ? souffre-t-on plus ? souffre-t-on moins ? Quels sont les effets de la réglementation ?
La réglementation en question , Comment s’y prend-on habituellement pour tenter de résoudre la souffrance liée au travail ?
On constate qu’une personne souffre, on fait un diagnostic médical, et celui-ci est établi par un médecin : dépression, fatigue, surmenage, burnout. Et on tente de comprendre pourquoi cette personne souffre : Pourquoi est-elle dans cet état ? parce que sa situation de travail la fait souffrir : son manager, ses collègues, ses objectifs, sa charge de travail, l’organisation du travail. Alors on se retrouve avec une personne qui va mal et on nomme la maladie (le burnout) ou on nomme la cause de son mal-être (le harcèlement moral). Dès que le diagnostic est établi cette personne se voit reconnue malade , victime d’un coupable que ce soit son manager par exemple, ou plus généralement l’organisation de travail. Evidemment la suite du processus va être d’établir la reconnaissance d’un préjudice subi et dans ce cas on va vers une judiciarisation de la situation de cette personne, ce qui finira par sceller le statut de victime par la justice. Mais on le voit dans les situations de harcèlement la culpabilité du bourreau présumé est rarement établie. La conséquence est que les bourreaux présumés doivent se défendre de l’accusation dont ils peuvent être la cible - et cela marche- , et les victimes reconnues se retrouvent figées dans leur statut de victime. Ainsi plus nous encadrons les difficultés du travail par la voie médicale, plus les procédures judiciaires se multiplient et plus on crée une incapacité à régler le problèmes du travail où sont impliqués les acteurs du travail des situations problématiques concernées.
Tel que l’on s’y prend pour tenter de surmonter la souffrance au travail, ça renforce d’un côté la pathologisation et de l’autre la judiciarisation mais sans réussir à régler les problématiques de souffrance au travail. Nous pensons qu’il faut s’y prendre différemment si l’on veut mettre un terme à ces questions et cesser de vouloir isoler les problèmes dans une démarche causale.
Nous abordons différemment la souffrance au travail. Pour nous la souffrance au travail est liée à une rigidité de la relation entre un individu et son contexte qui en retour fait souffrir cet individu et impacte son contexte. Pour nous ce n’est pas l’individu qui serait seulement pathologique, ce n’est pas non plus l’organisation qui serait seulement pathologique mais c’est leur lien qui peut l’être Nos interventions consistent à provoquer du changement dans ce lien afin que des régulations plus fonctionnelles se mettent en place et apaisent la souffrance. C’est ce que nous exposons dans notre livre et nous allons vous donner un exemple issu du livre pour illustrer notre propos.
Olivier je te donne la parole !