Lorsque l'on se retrouve perdu dans les méandres d'une problématique complexe, il est nécessaire de structurer l'ensemble des informations à travers une méthode. Cette pratique est tant plus nécéssairequand il s'agit, comme je le présente, d'une famille qui vit une situation traumatique et, s'agissant de la mère, polytraumatique.
La situation familiale est celle d' Angélique et de Stéphane, maman et papa de deux enfants de 4 et 8 ans : Rose et Sébastien.
Angélique part une semaine avec sa belle-mère et ses deux enfants au Maroc. Au retour, sur la route de l'aéroport, elle vit un grave accident.
Le chauffeur du taxi dans lequel elle se trouve avec sa belle-mère et ses enfants est tué et les passagers de l'autre voiture impliquée sont grièvement bléssés, peut-être même décédés...
De retour en France, son mari lui annonce qu'il la quitte.
10 semaines après l'accident, elle vient en consultation.
Elle dit en substance : "Je ne me reconnais pas, je suis balottée comme une poupée et émotionnellement, j'ai des hauts et des bas" Elle énumère également un grand nombre de symptômes, fait état de son anxiété concernant ses enfants, anxiété qu'elle gère en leur parlant continuellement de l'accident.
Sa tentative de solution est de faire garder ses enfants par sa belle-mère parce que celle-ci a vécu l'accident avec eux.
Elle continue cependant à manquer d'appétit, est anxieuse, s'alcoolise ; et elle s'en veut beaucoup car elle se dit qu'elle devrait faire du sport, sortir avec ses amis, mais elle n'y arrive pas.
Elle ressent une perte de sens par rapport à son travail et rumine ses doutes sur ce qu'elle doit faire quant à son mariage.
Ce que nous avons décidé de faire :
Travailler d'abord avec les enfants, d'une part pour vérifier qu'ils allaient bien, mais aussi pour qu'Angélique se concentre sur ses problèmes à elle.
- Rose voulait protéger sa maman ; elle avait très peur quand sa maman parlait de l'accident mais n'osait pas le lui dire car elle sentait que sa maman avait besoin d'en parler. Elle utilisait pour ce faire des dessins, des cartes......
- J'ai demandé à Angélique si elle attendait quelque chose d'autre de Rose et si elle pouvait ne plus lui parler de l'accident.
- Puis j'ai demandé à Sébastien qui, à part lui, étaient les personnes les plus secouées par les événements. Et il a dit Maman puis Rose et personne d'autre, en tout cas pas sa grand mère. Il a affirmé être préoccupé par Maman et Rose ; "Maman lui parle toujours de l'accident. " J'ai pu lui dire : "penses-tu que ça ferait du bien à Rose de ne plus en parler ?. Oui, a t-il répondu."
Questionnement des enfants sur l'étape suivante : avec qui faut-il parler ? Ils ont répondu les parents.
- J'ai donc vu les parents et j'ai proposé qu'ils veillent à des signaux faibles chez leurs enfants.
Je leur ai expliqué comment on pouvait nourrir les symptômes en parlant trop ou en surprotégeant les enfants comme le faisait la belle mère d'Angélique et ai souligné la nécessité de normaliser les choses.
Avec angélique, le plus important était de clarifier en quoi le trauma était un problème aujourd'hui pour bien différencier les deux traumas : l'accident et quand son mari lui a dit "c'est fini", ce pour préparer les décisions qu'elle devait prendre par rapport à son couple.
Il fallait arriver à gérer les priorités. Elle a beaucoup parlé des aspects physiques : sommeil, sensations et des tentatives de solutions qui ne marchaient pas.
Et pouvoir laisser ses problèmes de couple pour après.
Poser un cadre dans sa relation avec son mari Stéphane.
- Angélque a procédé à un travail d'écriture, "le roman traumatique" dont a parlé Roberta et j'ai travaillé sur le corps avec une séance d'hypnose. Elle avait développé un dégoût profond et avait constamment envie de vomir. Après une séance, les symptômes ont cessé.
- Nous avons ensuite oeuvré à la consolidation de l'état d'Angélique en insistant sur l'importance de prendre soin de soi et de reconstruire le lien avec la communauté.