Dispositif d'intervention et réaction de l'amicale des médecins du 14ème arrondissement
Quel a été le dispositif d'intervention dans le cas que nous vous avons présenté ?
Lorsqu'il y a burnout, il n'est pas toujours simple pour un médecin d'adresser le patient à un confrère car il est dans le déni et refuse toute aide.
Concernant Delphine, nous avons dès le1er entretien constaté qu'elle était au contraire demandeuse.
Notre diagnostic
Vous pensez, vous médecins, qu'il s'agit peut-être d'une rechute consécutive à une reprise trop précoce, ou bien que c'est une erreur de lui avoir proposé un poste subalterne par rapport à ce qu'elle faisait auparavant !
Je précise que c'était sa demande de revenir dans un poste moins exposé, à moindres responsabilités. Il convient d'ailleurs de souligner que de plus en plus, apr!s un burnout, les employeurs disent à leurs salariés "vous ne pouvez pas reprendre votre poste, nous allons vous trouver autre chose". Et chez des personnes comme Delphine, signifier une inaptitude, c'est les conduire directement au suicide.
En fait, Delphine a un problème relationnel vis-à-vis d'elle même et vis-à-vis des autres : "je suis bête et j'ai peur que les autres s'en rendent compte".
Et elle est comme traumatisée par ce qui lui arrive.
Vous dites aussi, vous médecins, qu'il y avait une pathologie sous-jacente et vous vous interrogez sur ce qu'elle a fait pendant son arrêt de travail de 6 mois.
.Ce que nous entendons dire pour notre part, c'est que les personnes concernées par un burnout "sont des légumes, pleurent et dorment."
Burnout et/ou dépression ? En tout cas, les médicaments sont les mêmes : antidépresseurs et anxiolitiques ou neuroleptiques.
Comment LACT travaille sur ce type de problématiques ?
L'idée de l'intervention est de recadrer le problème du patient pour mener des actions à 180 degrés . Nous travaillons comme s'il s'agissait d'enfants bulles auxquels on va inoculer des microbes.
Les personnes se sentent dès lors comprises et pas jugées. Nous créons "un petit optimisme thérapeutique". "J'ai l'espoir d'être capable mais.....".
Dans le cas de Delphine, nous avons dit "Il va falloir vous immuniser contre les réactions de votre entourage."
Apprendre à vous immuniser contre les autres et faire vous-même un diagnostic pour voir à quel point vous êtes défaillante. "Vous allez par exemple commencer par aller voir quelqu'un qui n'a pas de montre et lui demander l'heure. Vous observerez alors comment vous allez réagir à son attitude. Vous monterez ensuite des expériences." Car Delphine réagit selon des croyances, au sens tentatives de solution, alternatives.
Elle est, rappelons-le, en situation de travail et elle a honte de sa situation vis- vis des autres. Nous allons lui donner des armes pour affronter sa peur avec des images fortes. Vis-à-vis de ses collègues, nous lui donnons un outil de communication : remercier l'attention bienveillante qu'elle vit comme une menace.
Car la meilleure façon de faire face à l'adversaire, c'est de le mettre à l'aise. (Mythe de Persée qui a tué la méduse avec son bouclier.)
Comme elle se sent armée, Delphine va oser.
Les effets que nous avons obtenus
Delphine a repris confiance en elle ; elle dit être moins préoccupée de ce que l'on pense d'elle. "Je peux enfin être naturelle".
Nous assurons de plus un suivi de ces patients comme le font les kiné ou les orthopédistes.