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      Lact a le plaisir de vous proposer en intégralité, la webconférence du Dr. Dan SHORT tirée de la 5ème édition International Webinar, intitulée :  « Trois choses à savoir pour faire face à la peur ».

      Le Dr Dan Short est formateur chez Lact, vous pouvez retrouver ses cours ici

      Dan Short

      Psychologue clinicien en exercice qui donne des cours sur l'hypnose médicale au Southwest College of Naturopathic College of Medicine. Il est expert en psychothérapie ericksonienne et hypnose clinique et directeur exécutif de l'Institut Milton H. Erickson de Phoenix.

      Retranscription

      Bonjour, je suis Dan Short et je vais aborder le sujet de la peur dans le contexte de la psychothérapie. Je travaille sur la question de la peur depuis près de 30 ans maintenant et je peux affirmer que la peur est presque toujours un problème lié à la colère. Même les problèmes d'anxiété liés à la dépression trouvent toujours leurs racines dans la peur. La peur est primaire parce qu'elle est liée à la survie et est étroitement liée à toutes les autres émotions. Nous en faisons l'expérience aujourd’hui avec la pandémie, avec la vie bouleversée incluant la peur de la maladie et de la mort. La peur devient de plus en plus aiguë dans notre société et plus encore plus maintenant et nous devons apprendre à y répondre. 

      Dans certains cas, pour certaines personnes, le problème se développe parce qu'elles ont trop peu de peurs ou trop peu d'émotions, d’une manière générale. Ce sont des gens lisses qui n'ont pas peur et quand vient le temps de la décision ils réfléchissent deux fois avant d'agir. Il existe aussi des situations thérapeutiques dans lesquelles la peur va être augmentée. Mais aujourd'hui, nous allons partir d'un excès de peur chronique intense qui interfère avec une personne capable de penser clairement et de fonctionner normalement dans des activités quotidiennes ordinaires. 

      Je viens de rencontrer quelqu'un avant de commencer cet enregistrement qui était terrifié, une femme qui vient d'être diagnostiquée diabétique de type 1. On lui a dit qu'elle ne pourrait plus mener la vie qu'elle veut, son nouveau médecin lui a dit qu'elle ne pourrait plus faire de camping ou de randonnée, ce qui est la seule chose qui lui donne de la joie dans la vie. On lui a dit que les médicaments qu'elle prend vont provoquer d'horribles effets secondaires et elle a peur de perdre son travail parce qu'elle a déjà fait l'expérience de la confusion mentale. Elle est actuellement en congé. Je l'avais aidée à organiser cela avec les ressources humaines de son entreprise pour qu'elle ait un peu de temps libre pour s'ajuster mais elle doit maintenant reprendre le travail. Elle craint, si elle ne peut pas retourner au travail, de retomber dans la peur d'un traumatisme sévère vécu dans l'enfance fait d'abus et de négligence de ses deux parents.Elle avait donc beaucoup de raisons d’avoir peur ! Pour travailler avec une personne comme ça, qui peut être submergée par l'émotion,  la peur, l'anxiété et la dépression et d'autres sentiments, il y a trois choses fondamentales à savoir :  

      La première affecte les deux protagonistes, tout doit toujours commencer par un ajustement à deux. Ce n'est même pas ce que vous dites à un client qui est le plus important ; c'est ce que vous ressentez et comment vous réagissez face à lui, et si jamais vous ressentez quelque chose qui est contraire à ce qu'il ressent ou incompatible avec ce qu'il est, alors la relation ne fonctionnera pas. Vos mots n'auront aucun sens ni aucune valeur, il se sentira simplement incompris et se dira pour une raison ou pour une autre, qu'il ne peut pas vous faire confiance. Si vous agissez dans un climat de confiance ou à partir d'un sentiment de gratitude, un fort sentiment d'espoir mais qu'il y a un sentiment de terreur, c'est comme si vous parliez deux langues différentes. Comme si vous ne le comprenez pas et vous ne serez donc pas en mesure de le traiter et de lui dire comment il doit se comporter. Mais une fois que vous pouvez ressentir la peur chez ces personnes, ce qui les affecte et leur dire “je ressens ce que vous ressentez”, vous pouvez alors entrer en résonance avec elles et être en mesure de les guider plus facilement.

      Mon deuxième point est la co-création, l'histoire que les gens se racontent. Ainsi, la quasi-totalité de nos émotions ne proviennent pas de faits bruts mais viennent d’ histoires telles que : « Cela va me tuer, cela va me faire souffrir comme j'ai déjà souffert dans le passé, j'ai été humilié à cause de ça et maintenant je sais que je suis stupide! » Il y a toujours une histoire que les gens se racontent et une histoire qu'ils vous racontent et dans laquelle vous serez aspiré très rapidement comme si vous étiez dans un film. Et quand nous vivons dans un film, nous perdons rapidement conscience du fait que nous participons à une histoire et que cette histoire peut être racontée de plusieurs manières différentes. Une même histoire peut être racontée de mille façons et provoquer différentes réactions émotionnelles. Vous devez donc savoir que les gens viennent vous voir avec des histoires en tête mais au fur et à mesure qu'ils interagissent avec cette histoire, cette histoire va potentiellement subir des transformations, s'étendre ou se contracter. Il va y avoir une co-création de l'histoire comme si vous étiez tous les deux des scénaristes qui l’écrivent, et donc vous devez être conscient que vous êtes sur la bonne histoire et non celle de votre propre vie ou celle d'autres clients avec lesquels vous avez travaillé. Plus vous reconnaissez leur histoire, plus vous pouvez impliquer la personne et l'aider à avoir une réaction positive.

      La troisième chose dont je veux parler, c'est de ce que les chercheurs appellent la « contre-régulation des émotions » ou « contre-régulation émotionnelle ». La « contre-régulation », c'est l'idée que lorsque le système nerveux est excité par certaines émotions comme la peur, la charge reste dans le système jusqu'à ce que nous soyons, soit épuisés, en manque d'énergie totale, terrassés par cette émotion, soit remplacé par une autre émotion, comme quand quelqu'un se met à pleurer et est juste trop épuisé pour que cela continue. Et donc parfois la peur peut se transformer en colère. Je l’ai constaté à plusieurs reprises, par exemple dans des situations extrêmes où quelqu'un a peut-être été volé ou menacé par un couteau ou une arme à feu pointée vers lui, il crie soudainement et hurle sur l'agresseur ou il se met dans une position de domination, ce qui rend l'attaquant confus et effrayé et le fait fuir. On peut dire qu’une émotion en fait naître une autre et, quand la nouvelle émotion arrive, elle apporte avec elle une nouvelle série de comportements et de nouvelles idées. Ce sont des émotions spécifiques. 

      Ce sont trois points importants à garder à l’esprit qui font que, lorsque vous vous adressez à quelqu'un qui se trouve dans un état émotionnel particulier, il faut intégrer les effets de la peur. On assiste alors à « l’affect two man », la « co-création narrative » et « la contre-réaction émotionnelle ». Et il ne s'agit pas d'un processus en étapes par exemple 1, 2, 3, mais ce sont trois choses qui vous permettent d'avoir un impact maximal et bénéfique. Quand vous vous êtes confronté à ce type de cas-là, influencez et aidez la personne d'une manière qui va au-delà de la conscience. Vous ressentez alors une sorte de comportement cognitif, essayez de penser ceci ou essayer de vous dire cela, il n'y a rien de mal à ça mais ces messages vont plus loin et ont des implications plus durables. 

      Commençons donc par le premier concept : "Affect two-man" ; il y a certaines choses que nous devons garder à l'esprit et surtout, c'est un peu plus facile si la personne se sent triste et que vous ressentez de la tristesse avec elle. Peut-être que leurs parents sont morts, ils pleurent et peut-être que vous pleurez aussi ou que c'est juste votre visage qui affiche de la tristesse. Ne vous inquiétez pas de l'effet que la tristesse créerait chez eux. Quelqu'un est joyeux, ils célèbrent quelque chose et vous êtes enthousiaste et plein d'énergie, une énergie joyeuse. Nous ne nous soucions pas de ces deux émotions qui sont un peu délicates à imiter et si vous voulez apporter de l'énergie émotionnelle c'est sur la colère et la peur. J'ai vu des gens arriver dans mon bureau en criant et en jurant littéralement parce qu'ils étaient mécontents de quelque chose dans leur vie. En fait, la meilleure réponse est d'être en colère et de faire preuve de la même énergie. En revanche, vous ne pouvez pas être en colère contre le client parce vous risquez de vous battre et vous pourriez même être agressif. Vous ne devez jamais être en colère contre la personne que vous essayez d'aider, contre elle ou contre autre chose. Mais peut-être vous êtes en colère contre sa femme qui l'a trompé, ou vous êtes en colère parce que son meilleur ami l'a abandonné, vous pouvez les rejoindre, même si quelqu'un est en colère contre vous, parce que vous n'avez pas suffisamment de temps pour le recevoir aujourd'hui. Vous pouvez même être mécontent de votre emploi du temps parce que vos horaires ne permettent pas de le voir. Avec la peur, c'est un peu différent, nous voulons avoir peur avec les clients, mais nous ne voulons pas leur causer plus de peur, donc votre peur doit toujours être un peu moins élevée. Ma cliente a peur de devenir folle, c'est peut-être ce qui va se passer, elle a mentionné l'hôpital psychiatrique, elle en est terrifiée. J'ai donc peur avec elle de ce qu'elle va devenir dans un hôpital, j'ai peur qu'elle soit sérieusement atteinte psychologiquement. Je sais qu'elle est très déprimée et donc ma préoccupation est qu'elle pourrait être tellement suicidaire qu'il n'est pas sécurisant pour elle d'être à la maison. Si elle pense à se suicider et pourrait passer à l'acte, c'est une chose qui me préoccupe. Alors je lui ai fait remarquer: "vous savez que si quelqu'un essayait de vous hospitaliser contre votre volonté, ce ne serait pas moi mais si quelqu'un d'autre devait essayer de vous faire entrer à l'hôpital contre votre volonté, on ne vous garderait probablement que pendant une semaine environ". Ici en Arizona, les hôpitaux vous gardent pendant 7 jours pour vous stabiliser sous médicaments, et ensuite ils vous libèrent ; donc on parle de sept jours. 

      Après cela on se lance un peu dans la « co-création narrative », parce que je l'aide à construire une histoire, l'histoire qu'elle a commencée, l’histoire selon laquelle elle pourrait devenir folle. A l'intérieur de cette histoire, j'ai peur avec elle, tout en étant plus préoccupé par le fait qu'elle pourrait passer sept jours en hôpital l'esprit éveillé. C'est comme si elle vieillissait et mourait dans une institution. Elle craignait donc de ne plus pouvoir faire son travail. Je crains aussi qu'elle puisse aller travailler dès le premier jour et qu'elle puisse passer son temps à pleurer parce qu'elle est déprimée - c'est ce que d'autres clients ont fait -et j'ai donc eu peur qu'elle soit gênée de retourner au travail et de pleurer. Je lui ai demandé la durée de son temps de travail, et lui ai fait remarquer que trois fois dans la journée, elle devait se préparer à cela. Nous devions avoir une solution sur la façon dont elle aurait besoin d'aller aux toilettes pour se rafraîchir le visage. Elle m’a dit qu’elle travaillait pendant 12 heures, j’ai dit qu'elle ne ferait peut-être pas trois mais quatre allers-retours aux toilettes. Je suis donc inquiet et je pense à des choses qui doivent la rendre anxieuse. C'est ma préoccupation et que cela ne dépasse pas la sienne puisque sa peur est "ça ne va pas marcher au travail et je vais être licenciée". Alors me voilà en train de ressentir ce qu'elle ressent mais de telle manière qu'elle peut ressentir moins de peur. Si quelqu'un la rend faussement confiante, si le patient a l'idée que vous pensez qu'il peut faire plus que ce qu'il peut vraiment faire ou est plus capable que ce qu'il peut faire alors, il ne peut pas vous faire confiance. Donc elle sait qu'elle peut me faire confiance.

      Nous construisons maintenant l'histoire ensemble et elle raconte ses émotions. Les histoires peuvent porter sur le passé, les histoires peuvent porter sur l'avenir, mais ce que vous faites, c'est essayer d'amener la personne à expérimenter d'autres façons de penser pour qu'elle dise qu'elle ira travailler. Les gens me demandent "vous savez ce qui ne va pas chez vous ?"et je ne pourrai rien dire. Ce serait terriblement humiliant. Et donc je l'ai aidée à construire une autre histoire possible en imaginant que quelqu'un vient la voir et lui demande comment elle va et ce qu'elle ressent, pourquoi elle est venue au travail. Elle doit s'imaginer en train de dire "Merci d'avoir demandé, j'apprécie votre inquiétude mais je ne suis pas prête à en parler ici même". Et à ce moment-là, nous construisons une nouvelle histoire dans laquelle elle s'occupe des choses avec compétence et succès. Nous passons donc par toutes les différentes situations auxquelles elle peut penser, au passé et au futur.

      "- Dans le passé, j'ai déjà eu des problèmes de pleurs au travail et je suis allée aux toilettes".

      «- Ok, est-ce que cela a amené votre responsable à remettre en cause votre travail, ou bien est-ce que votre responsable a menacé de vous licencier ? » 

      «- Non il m'a complimentée sur mon travail! » 

      « Ok, alors ce n'est pas ça ; ça n'a pas été un un problème dans le passé, vos supérieurs hiérarchiques sont ok avec cela ». Nous travaillons actuellement sur une histoire qui remonte dans le temps et reprend les mêmes faits qui sont d'aller dans les toilettes pour pleurer, mais nous le faisons sous un angle différent. Ceci est donc très important pour que les émotions des patients entrent dans leur histoire et les aident à réorganiser ou à revoir d'un point de vue différent certains détails du passé, certains détails du futur, ce qu'ils attendent, comment cela va jouer, comment ils vont se comporter. Et pour la « co-régulation », demandez-leur plutôt ce qu'ils aimeraient ressentir à la place ! C'est ce que je viens de demander à ma cliente : "Au lieu d'avoir peur, qu'aimeriez-vous ressentir ?" Elle dit qu'elle aimerait ressentir de la confiance. Nous commençons donc à parler de la façon dont elle pourrait y arriver et l'une des choses importantes c'est que je lui dise qu'elle va y arriver, que le meilleur moyen d'y arriver est de fixer l'objectif consciemment : "Je veux avoir plus confiance en moi", mais elle ne doit pas essayer d’y parvenir consciemment parce que le conscient ne contrôle pas les émotions ; elle doit fixer un objectif et ensuite faire confiance à l'inconscient qui trouvera un moyen de lui donner un peu plus confiance ou d'apporter un peu plus d'émotionnel. Et chaque fois qu'elle le fera, elle ira de mieux en mieux. La peur sera écrasée par la confiance et si vous voulez, vous pouvez mettre ça en pratique en thérapie avec un jeu de rôle durant lequel ils vont découvrir quelle histoire ils se racontent eux-mêmes, tout en leur faisant identifier les émotions. Ils veulent ressentir de la paix, de la gratitude, de la compassion ou autre chose. Vous les aidez ensuite à raconter une nouvelle histoire et à faire un jeu de rôle d'une manière différente afin qu'ils ressentent une autre émotion, afin qu'ils retrouvent une certaine assurance, car après l'avoir fait dans votre bureau ils pourront le faire ensuite dans le monde extérieur.

      Donc si vous vous souvenez de ces trois concepts simples, je pense que vous aurez plus qu'il n'en faut pour travailler et pour aider vos clients.

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