La première chose à souligner est la nécessité absolue pour le thérapeute d'installer avec son patient un climat relationnel très fort, très solide.
Le thérapeute doit déployer une très grande empathie, une très grande chaleur et montrer en même temps qu'il a tout le bagage technique nécessaire pour se positionner comme celui qui va aider. Et il va osciller entre l'une et l'autre de ces postures : "je te comprends, je ressens ce que tu ressens mais je suis en même temps le professionnel qui a les instruments pour te sortir de là".
La 1ère session se doit d'être très hautement empathique ; ensuite doit s'installer une confiance suffisante pour que le patient entende la prescription dans le cadre du traitement.
C'est ce qu'on appelle le roman du trauma
La chose qui paraitra très difficile et douloureuse au patient mais qui est fondamentale, c'est de prendre tous les jours un papier et un crayon et de noter, dans les moindres détails, TOUT de l'événement traumatique, de rassembler ensuite ces écrits quotidiens dans un cahier et de remettre ce cahier au thérapeute.
Les effets essentiels du processus :
- Coucher sur un papier tous les souvenirs, les émotions, tout ce qui est en relation avec l'événement,
- C'est ce qui va permettre d’évacuer toutes ces choses émotionnelles accumulées dans le temps,
- Le fait de faire cet inventaire tous les jours crée un effet d'habituation,
- Les souvenirs qui viennent sont des souvenirs authentiques et c'est cela qui provoque un phénomène d'atténuation neurophysiologique,
- Il permet un détachement progressif de tous les détails émotionnels résultant du traumatisme.
Dans les premiers jours, c'est une expérience extrêmement douloureuse car peu à peu, toutes les images écartées reviennent.
Cette étape est indispensable pour arriver enfin à une situation faisant que les souvenirs du passé s'installent définitivement dans le passé.
A ce moment là, le passé ne fait plus incursion dans le présent ; la blessure du traumatisme devient une cicatrice.
L'image de la blessure que nous utilisons quand nous communiquons avec les patients est celle d'une blessure qui s'est infectée ; et quand il y a du pus, on ne peut intervenir que d'une manière qui ne peut qu'être douloureuse.
Le roman du trauma c'est cela : transformer la blessure en cicatrice.
Ma dernière observation sera la suivante : tous les patients qui ont accepté de respecter ce processus ont tous réussi à dépasser leur traumatisme. Cela représente 95% des patients.
C'est pour cela qu'il faut que je souligne une fois de plus que les capacités empathiques du thérapeute sont fondamentales.
Pour conclure, je dirai qu'à l'instar de nombre de situations humaines, la meilleure façon de s'en sortir c'est d'aller au cœur des choses et de les traverser.